Accueil

Blog

Toutes les actualités concernant le festival

17 janvier 2024

« Amal », de Jawad Rhalib, Prix du public Fiction « L’éducation, c’est la clé ! »

« Nous devons continuer à semer la culture chez les jeunes. Pour moi, l’éducation c’est la clé ! » Jawad Rhalib a accueilli avec ces mots le prix du public de la sixième édition du Festival CitéCiné, qui a récompensé son long-métrage de fiction Amal. 

En attendant une sortie en salles prévue le 17 avril prochain, le public de la soirée de clôture du festival a longuement applaudi le réalisateur Belgo-marocain, qui était accompagné en visio par deux acteurs du film, Fabrizio Rongione et Catherine Salée, tandis que l’interprête du rôle-titre, Lubna Azabal, était à Palm Springs pour le Festival International.

En matière d’éducation, Jawad Rhalib a ironisé sur « ce qui se passe chez vous (en France NDLR) et qui ressemble à une blague : la ministre des sports va s’occuper aussi de l’éducation. C’est une manière de lui dire : avec les JO vous n’avez pas beaucoup de boulot, vous allez prendre ce ministère aussi ! »Retrouvez ci-dessous l’interview accordée par Jawad Rhalib à la Gazette du Festival CitéCiné.

En regardant Amal, on pense à ce que Ken Loach a déclaré au début de ce Festival il y a trois jours : “Une bonne histoire se suffit à elle-même, elle n‘a pas besoin de commentaires“. Qu‘en pensez-vous ?

Ken Loach est mon maître et je suis fier de le dire. Mon ambition est toujours d’écrire une histoire qui à la fois touche les gens mais surtout ouvre les esprits, sans donner des leçons. Je ne suis pas un donneur de leçons, j’ai juste envie de raconter, de montrer. C’est d’ailleurs la raison de l’absence de musique dans ce film. Je voulais une histoire qui parle d’elle-même, sans musique, mais aussi sans technique. Car en tant que spectateur, quand je vois la technique dans un film, ce n’est pas très bon signe…

Le parti-pris de la caméra qui suit au plus près les acteurs est quand-même un choix technique dans Amal...

Je viens du documentaire. En toute modestie, je pense à Ken Loach, qui lui aussi a beaucoup fait de documentaires, aux frères Dardenne également. Cette technique nous permet de réagir aussi aux acteurs, de les filmer comme des êtres vivants, pas des robots ou des machines. Il n’y a pas de marques au sol, comme dans certains films. Je pense souvent à Hitchcock à qui Grace Kelly demandait comment marcher jusqu’à la fenêtre. Il lui aurait répondu : tu marches parce que tu es payée en fin de journée. Une marque de respect, une manière de lui dire, c’est toi l’actrice !

C’est pour celà que Ken Loach, encore lui, raconte qu’il tourne ses films dans l’ordre chronologique ...

Hélas je n’ai pas le budget pour travailler ainsi. Ce serait l’idéal, mais les films que je fais sont beaucoup plus modestes. Cela dit, tourner dans le désordre est plus difficile. Il faut à chaque fois que les acteurs se remettent dans l’état d’esprit où ils étaient lors de la scène précédente. 

Si je vous dis qu‘Amal est un film sur la résistance, et sur la résistance des femmes notamment (Amal, Mounia, Alice), vous êtes d‘accord ?

Pas vraiment. Pour moi, résister a plutôt le sens de subir. Il me semble que si je résiste, je n’agis pas. Amal est un film où l’on agit, un film d’action en quelque sorte. Un film qui dit : il faut agir !

Amal est le nom de votre personnage principal. Cela veut dire “espoir“ en arabe. Mais la fin est tellement dure qu‘on peut se demander où est l‘espoir dans ce film ?

Il ne faut surtout pas dévoiler, en effet, la fin du film. Mais l’espoir, il est dans ces enfants qui basculent à la fin. Si on arrive à en sauver quelques-uns (de la radicalisation islamiste, NDLR), c’est une victoire. Amal leur a ouvert l’esprit et à travers cette ouverture, ils ont découvert autre chose. Tout cela grâce à un poète, un auteur du 8e siècle, Abû Nuwâs, un musulman mais qui vit sa vie, qui peut boire un verre de vin. Je l’ai étudié au Maroc sans aucun problème mais il a aujourd’hui disparu des manuels scolaires et des bibliothèques.

En guise de conclusion, nous posons la même question à tous nos invités : De quelle manière pensez-vous que le cinéma a le potentiel de façonner ou de transformer le monde ?

Le cinéma peut changer le monde. Mes documentaires “La loi du profit” sur la vie des ouvriers des serres en Andalousie ou “Les damnés de la mer” sur les petits pêcheurs ont contribué à changer les choses. Et “Au nom de la coca” également.

 


Propulsé par FestiCiné